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Saint-Malo et Dinard : un hôtelier poursuivi pour avoir pioché 500 000 € dans la caisse de son entreprise

 

L'ancien propriétaire de deux hôtels à St-Malo et Dinard était jugé pour abus de biens sociaux. La justice lui reproche plus de 500 000 euros de dépenses à des fins personnelles.

Pays Malouin / Samuel SAUNEUF. Publié le 18/11/2019

« C’est presque un cas d’école de ce qu’est l’
abus de bien social. Nous avons là un prévenu qui confond patrimoine personnel et patrimoine de sa société », résume le procureur Franck Burstert, devant le tribunal de Saint-Malo, ce jeudi 14 novembre 2019.

Le prévenu, âgé de 70 ans, est poursuivi pour avoir pioché plus de 500 000 euros dans la caisse de son entreprise, en 2012 et 2013. À l’époque, il gérait et était le copropriétaire avec son épouse de deux hôtels situés sur le Sillon à Saint-Malo et en centre-ville à Dinard.

C’est l’administration fiscale qui a découvert le pot aux roses en enquêtant sur cet hôtelier peu scrupuleux sur le paiement de ses impôts.

« Je n’avais pas payé mes impôts à cause d’un burn-out. J’étais très mal. C’était terrible. On oublie tout dans ces cas-là », se défend le septuagénaire, très bavard, à la barre du tribunal.

Il s’est servi des fonds de sa société, dit-il, « pour rembourser des gens qui m’avaient prêté de l’argent pendant la crise des subprimes en 2007-2008 ».

La justice lui reproche pourtant des dépenses au Maroc, un voyage à Venise, l’achat d’une voiture ou encore le paiement d’une pension pour son chien.

À l’évocation de cette liste à la Prévert, le septuagénaire en convient :

« Oui bon d’accord mais quand je paie mon docteur avec l’argent de ma société, je n’ai pas de mauvaise arrière-pensée. Je ne suis pas un fraudeur. Il faut un peu dédramatiser ».

« La gestion des fonds de votre société était anarchique, tente de lui faire comprendre la présidente du tribunal Marilyse Brard. Vous avez utilisé votre Sarl comme une banque. Il y a des règles, Monsieur, à respecter ».

Si la loi a été bafouée, il n’y aurait eu en revanche « aucune volonté de nuire ou de voler », défend l’avocate du prévenu Me Karine Postollec.

« Des connaissances lui ont prêté de l’argent. Il a utilisé cet argent pour épurer les dettes de son entreprise. Dès lors, celà paraît normal que la société rembourse ces personnes ».

Décision le 19 décembre

Une simple amende de 10 000 euros avec sursis a été demandée par le procureur, « car le prévenu a un casier vierge ». Le tribunal n’a pas tranché. Il rendra sa décision le 19 décembre.

Le prévenu, lui, a quitté l’audience, bouleversé. Ses deux hôtels ont été vendus il y a quelques années. Aujourd’hui divorcé, il dit ne posséder aucun patrimoine immobilier et vivre avec une pension mensuelle de 500 euros.

 
Lecerf Aloïs