Dinard : sans emploi, il s’improvise trader et dilapide 500 000 €
À 59 ans, un homme comparaissait devant le tribunal de Saint-Malo, pour s'être fait passer pour un trader. Il a arnaqué douze clients, pour un total de 500 000 €.
Pays Malouin. Publié le 18/02/20
À 59 ans, un homme comparaissait jeudi 13 février devant le tribunal correctionnel de St-Malo, pour s’être fait passer pour un trader. Il a arnaqué douze clients, pour un total de 500 000 €.
Les faits jugés devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo, jeudi 13 février 2020, se sont produits à Dinard, entre janvier 2013 et novembre 2014.
Fin 2014, Tracfin (organisme qui lutte contre les circuits financiers clandestins) adresse un signalement au procureur, et la police judiciaire ouvre une enquête, après avoir remarqué des flux suspects sur le compte de l’homme. En particulier 200 000 €, virés par une personne âgée.
Voilà un an que cet habitant de Dinard, alors sans emploi après une liquidation d’entreprise, s’est reconverti pour débuter une activité de trader et courtier. Il propose à des tiers des placements avantageux, sans même avoir demandé l’agrément auprès de l’Autorité des marchés financiers. Ni SARL, ni société d’investissement, et un mandat de gestion avec le mauvais numéro SIRET… « Vous n’étiez pas dans les clous juridiquement, monsieur », lui explique la présidente du tribunal.
“Une période difficile”
Tout a commencé quand l’idée lui est venue « en regardant une émission sur TF1, qui montrait des traders à Londres ». Il traversait une « période difficile » et venait de s’installer en Bretagne, sur les conseils d’un ami. Il avait cherché du travail à Dinard, à Nantes et à Rennes, en vain. C’est à partir de là qu’il se met à boursicoter en ligne, suivre des didacticiels de trading et faire des simulations.
Pourtant, autour de lui, il parle déjà d’une activité qui « marche bien », explique qu’il « commence à engranger des fonds » et « garantit les éventuelles pertes ». À l’audience, il l’assure : il était sûr que ça marcherait, ses simulations étaient positives..
Système de cavalerie
Un premier voisin, qu’il indemnisera finalement grâce à l’argent d’une autre voisine, lui prête 5 000 €. Parmi les douze clients, c’est le seul qui reverra son argent. Une victime, présente à l’audience, avait placé 180 000 €, perdus.
« Les mois passaient et je ne récupérais toujours pas mes intérêts. Il me demandait à chaque fois d’attendre encore un peu », raconte une autre victime, âgée de 75 ans, qui a investi 200 000 € auprès du prévenu. Entre-temps, le fils de la victime avait lui aussi investi, après avoir « raclé les fonds de tiroirs ».
Il insistait, me disait qu’il fallait 50 000 €, mais je n’avais plus que 40 000 €, et j’ai tout placé.
Au total, le prévenu a délesté douze personnes de 500 000 €, dont 368 000 € qui se sont volatilisés. Il utilisait aussi cet argent pour faire des virements sur le compte personnel de sa compagne. À la barre, il explique :
J’avais 10 portefeuilles en même temps, c’était ingérable.
“Un comportement de l’escroc patenté”
Faux contrat de travail, faux bulletins de salaire, tromperie auprès du banquier… « Tout ça est fait à dessein. C’est un homme qui s’adapte, qui a une acuité particulière à se présenter à ses interlocuteurs. La réalité, c’est qu’aucune somme confiée n’a été véritablement investie », explique l’avocat d’une victime. Avant de poursuivre :
Les 200 000 € investis par la victime venaient de son seul bien immobilier, et cette sécurité, il la bouffe.
Le prévenu a reconnu les faits. Il est poursuivi pour fourniture illégale de services d’investissement à des tiers, à titre de profession habituelle, et pour abus de confiance aggravé. La procureure a demandé une peine de trois ans de prison avec sursis, avec obligation d’indemniser les victimes. Décision du tribunal le 9 avril.