Une victime vulnérable abusée de 26 000 €
Ouest-France / Gérard Lebailly. Publié le 20/04/2018 à 03h24
Un jeune handicapé a été dépouillé de sommes importantes, sans vraiment prendre la mesure de sa situation anormale.
C'est la maman qui a donné l'alerte en voyant les comptes de son fils plonger de quelque 26 000 € en l'espace de quatre mois. Les faits se sont produits à Brusvily, entre janvier 2014 et juin 2016, chez un couple vivant avec le revenu minimum de solidarité.
Sous le prétexte de l'amitié, le jeune handicapé avait été hébergé chez eux. Mais lorsque l'Udaf (Union départementale des associations familiales) a été chargée de suivre sa mise sous curatelle renforcée, il est rapidement apparu que des sommes de 6 000, 7 000 et 7 286 €, sous forme de chèques, cartes bancaires et prêts, avaient quitté ses comptes d'épargne, alors qu'il ne gagnait que 1 200 € mensuels. Des reconnaissances de dettes ont ensuite été signées, mais sans garantir effectivement un remboursement effectif.
À la barre, le prévenu, âgé de 31 ans (sa femme n'a pu venir pour raison de santé), a indiqué qu'il y avait eu des « cadeaux » spontanés, et que l'argent de la victime hébergée par le couple avait également permis d'acheter du mobilier en payant pour une sorte de pot commun.
Il leur est également reproché d'avoir fraudé la Caisse d'allocations familiales en ne déclarant pas une activité salariée, pour pouvoir bénéficier d'un revenu social sur plusieurs, d'un montant estimé à 6 400 €.
Le magistrat fait remarquer que c'est la société et ce jeune homme vulnérable qui subissent un préjudice. Et le casier judiciaire du prévenu ne plaide pas en sa faveur avec 16 mentions. « Des erreurs de jeunesse », avance le prévenu.
Partie civile, Me Molard réclame 18 000 € d'indemnisation en comparant les reconnaissances de dettes aux emprunts russes d'antan, par des débiteurs insolvables et de mauvaise foi. Son client a non seulement perdu ses économies, mais aussi son travail à cause de cette affaire.
Le procureur demande des peines de six mois ferme contre le mari et six mois avec sursis contre la femme. Me Postollec déclare en défense que ses clients voyaient leur hôte autrement que comme un handicapé. « S'il faut payer, c'est moi qui paie », déclare le prévenu, en cherchant à mettre sa femme hors de cause.
Le tribunal correctionnel de Saint-Malo condamne le prévenu de six mois ferme, et sa compagne de la même peine, mais avec sursis. Ils doivent verser solidairement 11 200 € de dommages et intérêts à la partie civil.