Articles de presse

Jugés pour un déferlement de violences gratuites

 

Ouest-France / G. L. Publié le 13/04/2018 à 02h40 

Un père et ses deux fils ont comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo pour des scènes de violence inexplicables. Qui ont fini par se tourner contre les gendarmes, à Dol.

Que s'est-il passé le 17 décembre 2017, à minuit, devant le 18 puis le 31 de la Grande-Rue-des-Stuarts, à Dol-de-Bretagne ? Cela commence par la scène d'un père tabassant son fils au sol, dans la rue, et l'étranglant, en hurlant : « Je vais le tuer ! »

Lorsque les gendarmes interviennent pour les séparer, celui qui était corrigé, après s'être battu auparavant avec son frère, se retourne contre les gendarmes.

Les trois hommes, âgés de 49 ans, 26 ans et 22 ans sont complètement saouls : 1,40 g d'alcool par litre de sang, mesuré trois heures après. Le père par exemple, avait absorbé dans la soirée cinq verres de vin rouge, deux ou trois bières, quatre apéritifs anisés, une ou deux bouteilles de rosé, et peut-être un punch. Lui, croit se souvenir avoir seulement voulu empêcher son fils de donner des coups dans les voitures.

Les frères sont incapables de fournir des explications. Et les gendarmes n'en ont pas trouvé non plus, choqués par l'ensemble de la scène. L'un des frères, surexcité et torse nu, profère des menaces de mort. Car les choses ont empiré : pendant que des renforts étaient demandés, le trio s'est réfugié dans un immeuble où des appels au secours très alarmants étaient lancés par l'épouse et mère.

À peine la porte s'est-elle entrouverte que le premier gendarme dit « ne même pas avoir eu le temps de dire bonjour : j'ai vu trois furieux se ruer sur moi. » Cinq militaires recevront des coups et seront insultés. Ils devront utiliser le pistolet à impulsion électrique pour neutraliser le père et le gaz lacrymogène pour un des fils.

Ni les pompiers ni les gendarmes, qui ont pourtant vu beaucoup de choses dans leur carrière, n'avaient encore connu une telle situation.

À la barre, ils ont dit leur ressenti : « Nous n'avons pas l'habitude de nous plaindre. Mais là, c'est un déferlement de violence gratuite alors qu'on venait porter secours. On assiste à une véritable banalisation et à une dégradation de l'image de la République. »

Le procureur dénonce « une situation surréaliste et inadmissible », semblable à une autre affaire jugée par le même tribunal, il y a quinze jours. Il réclame six mois de prison ferme, en remarquant que les prévenus ont à peine présenté des excuses, cinq mois après.

Me Gédouin Bataille, partie civile, a pour sa part insisté sur les vertus pédagogiques d'une sanction sévère, après l'onde de choc provoquée contre l'ordre public à Dol.

Me Postollec plaide les remords de ses clients qui vont essayer de se soigner, et qui sont, par ailleurs, insérés socialement.

Le tribunal rend sa décision : le père écope de dix mois de prison avec sursis mise à l'épreuve durant deux ans et interdiction de fréquenter les débits de boissons et 1 500 € d'amende. Les fils sont condamnés chacun à huit mois de prison avec sursis et 70 h de travaux d'intérêt général, outre 500 € d'amende. Collectivement, ils verseront 9 000 € de dommages-intérêts.

 
Lecerf Aloïs