Il collectionnait les images et vidéos pédophiles
Ouest-France / Gérard Lebailly. Publié le 06/04/2018 à 01h16
Parce qu'il ne s'était pas présenté à son procès en janvier, le tribunal correctionnel malouin a fait comparaître un jeune homme sous escorte policière, pour de graves faits de pédopornographie.
En août 2017, un porte-monnaie avec des pièces d'identité et deux clés USB sont trouvés dans une rue de Saint-Malo. La police en vérifie le contenu et découvre des images explicitement terribles du viol de deux bébés. Au domicile du propriétaire, un garçon de 22 ans, on saisit deux ordinateurs, un téléphone, et deux cartes SIM.
Avec effarement, les services d'enquête, pourtant habitués au pire, tombent sur 1 300 photos et 500 vidéos d'agressions sexuelles sur des fillettes de moins de 8 ans, voire des bébés, et de la zoophilie, commises en Asie et dans les Pays de l'Est. Cette sordide collecte résultait d'une addiction commencée depuis huit années sur des forums de discussion (moins repérables que les sites spécialisés). C'est ce qui l'a fait progressivement accéder à ces images, tellement insupportables que les policiers ont dû se faire assister psychologiquement.
Non seulement il y avait la violence visuelle, mais également des propos inimaginables, par exemple avec un (pseudo ?) père lui proposant de prostituer son enfant de 4 ans. Le président Bailhache se refuse à rapporter les détails contenus dans la réponse du prévenu, tant ils sont affreux.
Et interpelle le prévenu « Quel plaisir en tiriez-vous ? C'était des fantasmes, et pour braver les interdits? Nous voulons savoir qui nous avons en face de nous. Qui juge-t-on ? »
Il lui rappelle la réalité crue que marque cette attirance. Ses manèges sur les moteurs de recherche sont repérés : des refus d'images de mineures « trop vieilles », une tentative de contact avec un pédophile géographiquement près de chez lui, ou encore une question pour savoir comment draguer une fille très jeune.
La procureure lui demande s'il se reconnaît pédophile. « Non, répond-il, je voulais juste regarder. Depuis quelques mois, je me posais la question de détruire ces fichiers, mais je n'y arrivais pas. »
Il avoue ne pas avoir eu le courage non plus de chercher une aide dans son entourage. Mais il a pris rendez-vous prochainement avec un psychiatre, vivement chapitré par son avocate, Me Postollec. Elle rappelle qu'il a vécu une enfance chaotique avec des placements entre 9 et 17 ans et demi. « Je veux repartir à zéro », promet-il.
L'expert qui l'a examiné relève des carences, mais l'estime curable, alors que le ministère public craint un passage à l'acte s'il ne suit pas une thérapie appropriée.
Une peine de trois ans de prison avec sursis mise à l'épreuve durant trois ans est réclamée, ainsi que l'interdiction d'approcher des mineurs pendant dix ans. La Fondation pour l'enfance représentée par une avocate, absente, réclame 10 000 € de préjudice moral et 5 000 € de frais de procédure, sans produire de pièce.
Le tribunal le condamne à 2 ans avec sursis mise à l'épreuve durant 3 ans, avec interdiction de toute activité auprès des mineurs pendant 5 ans. Et inscription automatique sur le fichier automatisé des auteurs d'infractions sexuelles. La partie civile obtient 100 €.